Sommet de Bakou sur le protectionnisme

Lors d’un colloque à Bakou, la semaine dernière, un intervenant s’est employé à démontrer que le protectionnisme visant à préserver les vieilles industries coûtait au final bien plus cher à l’Etat, et donc au contribuable, que l’investissement dans les secteurs d’avenir. Il a commencé par expliquer que le principe de l’avantage comparatif suggère qu’à long terme, les pays industriels et le monde, pris globalement, devraient exploiter les avantages des nouveaux échanges de produits manufacturés. Les économies industrielles bien établies devraient redéployer leurs facteurs vers les branches où elles ont aujourd’hui un avantage comparatif, comme l’informatique et les télécommunications, qui utilisent le capital de façon relativement intensive et font appel à une expertise technique dont les pays riches sont relativement bien dotés.
Mais le processus d’ajustement est cependant coûteux. Il faut fermer des usines, éliminer des établissements dépassés, recycler la main-d’œuvre. Les dirigeants politiques peuvent donc céder aux pressions exercées par les industries en déclin pour les protéger par des droits de douane et des contingents, au lieu d’insister sur la création de nouvelles industries. Dans un monde où les droits de douane entre pays industriels ont été largement abolis, on voit ainsi réapparaître le protectionnisme sous la forme de contingents, de limitations volontaires des exportations et de restrictions non tarifaires. Dans le domaine des textiles et de l’habillement, les restrictions commerciales remontent aux années soixante. De nouvelles restrictions ont frappé plus tard les automobiles, l’acier et les magnétoscopes.
Cependant, il est important de comprendre que des droits de douane engendrent un énorme gaspillage des ressources de la société. Ils aboutissent aussi à des transferts importants des consommateurs vers les producteurs. Si le nouveau protectionnisme des pays industriels n’est nullement général, il peut être important dans certaines branches.
Dans les années quatre-vingt, par exemple, pour chaque emploi rapportant 20000 dollars dans les chantiers navals en Suède, les contribuables suédois payaient, estime-t-on, une subvention égale à 50000 dollars par an. La protection coûtait aux consommateurs canadiens 500 millions de dollars par an, contre une masse salariale supplémentaire de 135 millions dans l’industrie de l’habillement. Et quand les consommateurs japonais payaient la viande de bœuf huit fois plus que le prix mondial, les éleveurs japonais n’avaient pas un sort huit fois meilleur. Leur coût de production était encore bien plus élevé.
En comparaison de ces coûts, les subventions de recyclage, les indemnités de licenciement, et la fermeture d’usines qui ne sont plus efficientes apparaissent beaucoup plus raisonnables. A long terme, la protection coûte donc plus cher qu’un ajustement financé par des subventions à mesure que l’avantage comparatif change. Et je souscris totalement à cette idée.
Je souscris aussi totalement, au passage, au soin qui a été mis dans l’organisation de ce colloque. Entre les séances de travail, nous avons vraiment pu profiter des richesses de Bakou. Un grand merci, donc, à l’agence qui s’est occupée d’organiser ce séjour. Davantage d’information sur ce séminaire incentive à Bakou en surfant sur le site de l’organisateur.